Bons Baisers de Rome
Les compositeurs à la Villa Médicis (1804-1914)
À partir de son ouverture à la musique en 1803, le prix de Rome devient le sésame convoité par tous les apprentis compositeurs, point final d’une formation généralement suivie au Conservatoire de Paris. Couronnement d’un cursus, ce concours offre à ses lauréats un séjour de perfectionnement à l’Académie de France à Rome, installée sur les hauteurs du Pincio dans la somptueuse Villa Médicis. Les musiciens y côtoient leurs collègues des autres sections (architecture, peinture, sculpture et gravure) durant une période de deux à cinq ans au cours de laquelle ils doivent produire des partitions – les “envois de Rome” – destinées à être jugées par l’Institut. Cette opportunité, à première vue extraordinaire, se révèle pour un certain nombre de jeunes gens une contrainte qui les éloigne de Paris au moment où la construction d’un réseau professionnel s’avère capital. Épisode souvent décisif dans l’élaboration d’un style personnel, entre fin de formation et début de carrière, le séjour italien concerne la plupart des grandes figures musicales romantiques (Hérold, Halévy, Berlioz, Gounod, Bizet, Massenet ou encore Debussy). La vie quotidienne des pensionnaires, leur production artistique et leurs voyages d’étude ou de loisir interrogent autant leur rapport avec l’Italie elle-même qu’avec les grands mouvements esthétiques européens. La Villa serait-elle simplement la “caserne académique” conventionnelle dont parle Berlioz, ou plutôt une arène animée de confrontations fécondes ? Contestation et transgression y distinguent bien souvent le talent du génie.
La collection Actes Sud / Palazzetto Bru Zane − ouvrages collectifs, essais musicologiques, actes de colloques ou écrits d’époque − donne la parole aux acteurs et aux témoins de l’histoire artistique du grand XIXe siècle ainsi qu’à leurs commentateurs d’aujourd’hui. Avec un rythme de publication de deux à quatre ouvrages par saison, la collection abordera le répertoire romantique français et la vie musicale de cette époque sous de multiples facettes, en s’intéressant aux parcours de compositeurs illustres ou méconnus mais aussi à l’histoire du concert, des genres musicaux et des interprètes.
Directeur artistique du Palazzetto Bru Zane, docteur en musicologie de Paris IV-Sorbonne et ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome (Villa Médicis), Alexandre Dratwicki est spécialiste de la musique française du XIXe siècle. Diplômé du Conservatoire de Paris (esthétique), il a enseigné l’histoire de la musique dans plusieurs universités et a été producteur à Radio France. La publication de sa thèse, Un nouveau commerce de la virtuosité (1780-1830), a reçu le prix des Muses 2007 de l’essai. Il a dirigé plusieurs ouvrages collectifs dont Le Concours du prix de Rome de musique (1803-1968) (avec Julia Lu, 2011), Le Concerto pour piano français à l’épreuve des modernités (2016) et Le Fer et les Fleurs : Étienne-Nicolas Méhul (avec Étienne Jardin, 2017).