Si j'ai aimé
De récentes recherches sur les ouvrages méconnus de Camille Saint-Saëns ont permis la résurrection au disque et en partitions de 19 mélodies avec orchestre enregistrées chez Alpha Classics en partenariat avec le Palazzetto Bru Zane en 2017. Ce fut – pour ce genre devenu rarissime aujourd’hui – l’ouverture d’une boîte de Pandore dont le Centre de musique romantique française ne cesse depuis lors d’exhumer les pépites. Cette exploration a révélé que, dans l’ombre des Nuits d’été de Berlioz, du Poème de l’amour et de la mer de Chausson et de quelques titres de Duparc, des dizaines – sinon même des centaines – de mélodies sublimement parées de chatoyantes couleurs orchestrales dormaient dans les étagères des bibliothèques. Des noms célèbres (Hugo, Verlaine ou Gautier pour les vers, Gounod, Massenet ou Bizet pour la musique) voisinent avec des artistes en voie de revalorisation (Dubois, David, Bordes, La Tombelle…). Fort de ces mises au jour, et grâce au zèle de son équipe éditoriale sans qui aucun projet n’est possible, le Palazzetto Bru Zane a de nouveau proposé à Alpha Classics et ses artistes d’oser l’aventure de la redécouverte. Sandrine Piau s’y est plongée avec talent et curiosité, tandis que Julien Chauvin et son Concert de la Loge ont permis de raviver les couleurs d’origine de ces pastels romantiques grâce aux timbres tout à la fois moelleux et incisifs de leurs instruments historiques. Le programme est construit comme un vaste cycle de mélodies traitant de l’amour, ponctué de méditations instrumentales d’une gravité insoupçonnée chez certains auteurs comme Benjamin Godard.