Écrits de Vincent d'Indy
Vol. 3 : 1919-1931

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Vincent d’Indy ne perd rien de sa vitalité ni de sa combativité, comme en témoigne ce troisième et dernier volume d’écrits. Tout en poursuivant son enseignement à la Schola Cantorum et au Conservatoire de Paris, le musicien septuagénaire multiplie les concerts et conférences, en France et à l’étranger, et entame une ultime et féconde période créatrice. Il continue en parallèle à défendre ses idées dans la presse. La victoire de 1918 lui semble notamment produire en matière musicale l’effet inverse de la défaite de 1870 sur sa propre génération : il s’insurge contre les avant-gardes musicales des années 1920 ; pourfend la “laideur” de la production moderne, l’ignorance qui caractérise selon lui la jeune génération ; polémique volontiers avec les défenseurs du Groupe des Six et ceux qu’il nomme les “disciples de Schönberg” ; manifeste néanmoins de l’intérêt pour Arthur Honegger et Olivier Messiaen.
Contestant les tendances nouvelles – jazz, polytonalité, musique mécanique –, il reste fidèle dans sa vieillesse aux admirations et convictions de sa jeunesse et de sa maturité :
Tous ceux qui, au cours de l’histoire musicale, ont tenté de faire du nouveau, ne sont jamais arrivés à le trouver qu’en s’appuyant solidement sur les bases traditionnelles posées par leurs devanciers. Il ne s’agit pas d’abolir tout ce qui fut acquis, parfois péniblement, au cours des siècles, et de proclamer : “Nous allons faire une musique toute nouvelle !”, mais de profiter des découvertes antérieures pour continuer le défrichement de la belle, de l’unique grande route de l’art.
Les écrits de Vincent d’Indy savent alors se détourner de la polémique pour dédier de très belles pages aux musiciens de la tradition “expressive” : Monteverdi, Bach, Couperin, Beethoven, Wagner, Franck, les franckistes et leurs amis.
La collection Actes Sud / Palazzetto Bru Zane − ouvrages collectifs, essais musicologiques, actes de colloques ou écrits d’époque − donne la parole aux acteurs et aux témoins de l’histoire artistique du grand XIXe siècle ainsi qu’à leurs commentateurs d’aujourd’hui. Avec un rythme de publication de deux à quatre ouvrages par saison, la collection abordera le répertoire romantique français et la vie musicale de cette époque sous de multiples facettes, en s’intéressant aux parcours de compositeurs illustres ou méconnus mais aussi à l’histoire du concert, des genres musicaux et des interprètes.
Gilles Saint Arroman est pianiste et musicologue, ancien élève du Conservatoire national supérieur de Paris (Culture musicale et analyse) et de l’université Paris-Sorbonne, chercheur associé à l’Institut de Recherche en Musicologie (IReMus, UMR 8223). Il est l’auteur d’un ouvrage sur le pianiste Édouard Risler (Champion, 2008) et a coédité avec Juliana Pimentel les actes de la journée d’étude Piano & musique de danse dans la France du XIXe siècle (OMF, 2010).