Confidence
Depuis plusieurs années, le label Alpha Classics et le Palazzetto Bru Zane se sont engagés dans la redécouverte du répertoire romantique français d’un XIXe siècle encore mal connu. À chaque fois, au centre du projet artistique, un chanteur ou un instrumentiste met son exigence et sa curiosité au service de l’aventure. Déjà fort apprécié pour son charisme vocal et humain, le ténor Julien Behr est cette fois le protagoniste d’un récital qui revisite ce répertoire dans toute sa variété, entre tendresse et héroïsme, joie et mélancolie.
La voix de ténor romantique adopte en France des visages très divers entre 1800 et 1900. Le grand opéra la veut longue, sonore et couronnée de contre-notes émises en voix de poitrine à partir des années 1830. L’opéra-comique la souhaite légère, claire et capable de demi-teintes en « voix de tête » jusque chez Bizet et Gounod. Le ténor du Premier Empire, chez Méhul et Cherubini (vers 1800), est central et très barytonnant ; celui de la Monarchie de juillet, chez Adam et Auber (vers 1840), emprunte à Rossini ses vocalises et sa virtuosité. Bref, rien de plus difficile pour un ténor que de « trouver sa voix » dans cet imbroglio de genres et d’institutions. Le romantisme plus tardif va mélanger les spécificités de chaque emploi pour donner naissance au grand ténor d’opéra-comique, également appelé « de demi-caractère », capable de lyrisme et de puissance comme de douceur et d’intériorité (grâce à la « voix de tête » typiquement française). Gérald (Delibes), Roméo (Gounod), Des Grieux (Massenet), Mylio (Lalo) et tant d’autres deviendront des visages internationalement réputés. Par la chaleur de son timbre, la fermeté de son articulation, l’élégance de son phrasé et la ductilité solaire de son haut-médium, Julien Behr est l’un des ténors actuels les plus à même de rendre justice à ce répertoire de demi-caractère, souvent distribué à des voix trop lourdes, qui n’en révèlent pas forcément la finesse et la variété. Entre ombres et lumières…
Les partitions de Cinq-Mars (Gounod), Le Chevalier Jean (Joncières) et Jocelyn (Godard) ont été publiées et fournies par le Palazzetto Bru Zane.