Berlioz et Paris
Cet ouvrage collectif étudie les divers rôles que Paris a pu jouer dans la carrière de Berlioz, ainsi que les différentes images, entre fascination et amertume, qu’il a données de la ville où il habitait. Celle-ci occupe, à l’époque du compositeur, une place singulière parmi les capitales européennes. En raison de la centralisation qui s’est opérée de manière progressive sous l’Ancien Régime, elle concentre après la Révolution toutes les formes du pouvoir national : politique, économique, financier, intellectuel et culturel.
Cette situation particulière la dote de ce rôle international bien connu de « capitale du XIXe siècle ». Elle devient un lieu de passage obligé pour tout type de réussite sociale et le domaine artistique, notamment musical, apparaît comme l’un des champs sur lesquels cette prééminence s’exerce avec le plus de force.
Hector Berlioz illustre parfaitement l’importance de Paris dans la destinée d’un musicien : né en Dauphiné – région à laquelle il reste très lié sa vie durant par des attaches familiales –, il fait de cette ville le centre névralgique d’une carrière qui traverse la période romantique. Conscient du pouvoir ambigu de la capitale, il écrit d’ailleurs à son père dès 1846 : « Il n’y a au monde que Paris ; c’est une ville électrique qui attire et repousse successivement [...]. »
Berlioz est aussi un grand voyageur et sait prendre ses distances avec son lieu de résidence : il passe un séjour de formation à l’Académie de France à Rome ; puis, s’éloignant à nouveau d’un Paris qui ne reconnaîtrait pas son talent, il fait entendre ses œuvres dans les principales cités européennes. Sa vision du rôle de la capitale française change alors et ses critiques des normes de goût qu’elle impose au reste du monde deviennent vives.
La collection Actes Sud / Palazzetto Bru Zane − ouvrages collectifs, essais musicologiques, actes de colloques ou écrits d’époque − donne la parole aux acteurs et aux témoins de l’histoire artistique du grand XIXe siècle ainsi qu’à leurs commentateurs d’aujourd’hui. Avec un rythme de publication de deux à quatre ouvrages par saison, la collection abordera le répertoire romantique français et la vie musicale de cette époque sous de multiples facettes, en s’intéressant aux parcours de compositeurs illustres ou méconnus mais aussi à l’histoire du concert, des genres musicaux et des interprètes.
Cécile Reynaud est directrice d’études à l’École Pratique des Hautes Études – PSL et membre de l’équipe SAPRAT. Musicologue spécialiste du XIXe siècle, elle travaille sur l’histoire de l’enseignement de la musique, l’histoire de la virtuosité instrumentale et consacre une grande partie de ses travaux à Hector Berlioz. Elle a notamment codirigé le Dictionnaire Berlioz (Fayard, 2003) et participé à l’édition des Nouvelles lettres de Berlioz, de sa famille, de ses contemporains (Actes Sud / Palazzetto Bru Zane, 2016). Elle a été commissaire de plusieurs expositions à la Bibliothèque nationale de France, à la Cité de la musique et au Petit Palais.